"Cela se passait dans un coin de l'étable. Jean égorgeait le cochon d'un geste très précis, jamais il ne ratait; son coup de couteau tranchait l'artère principale puis il dirigeait d'une main le jet de sang vers la bassine posée au sol, et de l'autre, main nue, il brassait le sang chaud avant qu'il ne coagule. Le cochon ne criait pas, comme hypnotisé par le regard de Jean qui le fixait droit dans les yeux. Au bout de quelques minutes, le cochon fermait les yeux et s'endormait tranquillement. Ensuite, Jean s'occupait de faire le boudin...t(...). Les jours de cochonnaille, Jean était heureux comm un petit enfant et ne disait pas un seul mot de la journée".

Ce roman de Michel Hervoche vous prend d'emblée aux tripes, pour ne plus vous lâcher. Au coeur de la guerre 1939-1945 à Saint-Nazaire, tiraillée (au sens propre et au sens figuré) par les Anglos-Américains et occupée par les Allemand, une série de crimes a lieu: six jeunes femmes sont (pour la plupart) violées et égorgées. L'enquêteur venu de Rennes, Serge David, dorénavant officiant à Saint-Nazaire, est chargée de cette enquête sur des faits qui, bien légitimement, terrorisent la population. Ses pas le conduisent inexorablement son voisin, Jean, justement: un taiseux, loup solitaire à la forte corpulence, aux pieds difformes, un brin marginal. Et comme les victimes se font toutes égorgées dans le secteur, il se dit que oui, décidément, Jean est un suspect parmi d'autres. Sauf que lorsque Jean est arrêté et condamné, les meutres continuent...

Un polar bien construit, noir, humain, palpitant, très fort, signé du Nazairien Michel Hervoche, qui a l'avantage de connaître les lieux comme sa poche!