"L'embaumeur" est un nouveau personnage récurrent du polar français. Même principe que pour Le Poulpe ou Léo-Alistair Tanguy: un auteur, un roman. Celui-ci n'est ni privé ni cyber-enquêteur, mais thanatopracteur: il relooke les morts avant leur mise en bière. Luc Mandoline, de son vrai nom, est appelé cette fois près de Nantes pour essayer de recoller les morceaux (!) d'un rejeton de la Haute nommé Jean-Baptiste de Six-Fours. Un parfait crétin, selon le riche chatelain, son grand-père (un caractère fort prénommé Hubert-Louis, royaliste comme toute sa famille, mais volonriers ouvert, libertaire, social, même; et très "vert" pour son âge). En effet, Jean-Baptiste a été écartelé par quatre chevaux. Une mort royale, si l'on veut. Deux bras et une jambe ont ainsi fait sécession du tronc. Horrible. Epouvantable.

L'Embaumeur s'aperçoit vite que derrière ce hâvre bourgeois et décalé, pas mal de gens avaient des raisons d'occire l'idiot. Il est question de deux catcheuses lesbiennes, d'un groupe de jeunes royalistes désoeuvrés, de bien d'autres gens encore. L'auteur, Hervé Sard, nous fait avec esprit une belle galerie de portraits, plus importante que l'hisoire-même: il y a là Corby, secrétaire particulier du chatelain; Sylvia, la gouvernante nouvellement embauchée, qui a su se rendre indispensable; François-Ferdinand, le fils d'Hubert-Louis et père de JB. Et ce médecin de famille qui, sans remord apparent, a conclu à la mort naturelle de Jean-Baptiste. Alors qu'une pancarte marquée "Ravaillac" était autour du cou de la victime! Bizarre, tout de même, ces jeux de château. A La Pillonerie, on cultiverait même le secret de famille à loisir. Mandoline enquête.

Humour, verve, allant, inutile de dire qu'il est difficille de lâcher "Ainsi fut-il" une fois le livre ouvert. Décapant.