Gabriel Lecouvreur, alias Le Poulpe, revient à Nantes pour résoudre une étrange affaire d'un petit homme - d'origine aztèque - retrouvé pendu dans le passage Pommeraye, le mythique passage couvert sur trois niveaux, et d'un avaleur de grenouilles, mystérieusement disparu. Tous deux sont des freaks, des monstres appartenant à l'Olympic Circus, qui se produit dans la ville, en bordure de l'Erdre. Le Poulpe descend donc du train et, dès le buffet de la gare, se trouve aux prises avec d'étranges créatures, gens de cirque eux-aussi. On comprend vite que c'est dans un grand cirque à ciel ouvert - la belle ville de Nantes - que le privé parisien (personnage libertaire, porté sur les jolies femmes et sur la bière, va enquêter au long d'un pavé peuplé de bistrots balises, mais semé d'embuches,...et d'une jeune femme, l'envoûtante Wanda, une charmeuse de serpents moins poison qu'ensorceleuse avec son pouvoir érotique irrésistible pour un Poulpe à la chair faible...mais pas molle!

Dans un exercice de style convaincant, Stéphane Pajot allie brillament l'enquête pittoresque - autour de la femme à barbe, l'homme caoutchouc, le femme-homard, l'homme-canon- à la mémoire locale, puisque ces freaks sont effectivement passés à Nantes, quelques dizaines d'années plus tôt. Comme Molière, autre monstre des tréteaux auquel l'auteur, érudit et grand connaisseur de la ville, fait référence ici.

Comme "Carnaval infernal", "Aztèques Freaks" est un fabuleux voyage dans la ville de Nantes, celle de Jules Verne et des machines de l'île, en même temps qu'un roman bien enlevé à l'humour salvateur. Ce "Poulpe" à la sauce beurre blanc est même l'un des plus attachants de la série créée par Jean-Bernard Pouy.