Polars nantais

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LA CATIN HABITE AU 21 Hervé SARD Edition Baleine, septembre 2014. 180 pages. 9,50€.

Le Poulpe débarque sur le plancher des vaches (et des landes), à Sainte-Mère-des-Joncs, au nord de Nantes, là où se joue le destin contesté et pétaradant du futur grand aéroport de l'Ouest de la France. Suite à un pari (dix bières, tout de même!) avec Gérard, l'inénarrable patron du Pied de Porc à la Sainte-Scolasse, que la mystérieuse jeune femme disparue à proximité du village, une prostituée dit-on, tel que Le Parisien le relate, n'a pas été victime d'un tueur en série, comme le prétend Gérard.

Le Poulpe, qui aime bien fouiner dans la face cachée des choses, veut sa part de vérité, et se fait coquillage fouisseur pour pénétrer les entrailles de ce faits divers de terre, moins parce que la disparue est une P.U.T.E. (néanmoins femme) que parce qu'il lui semble que cette disparition pourrait peu ou prou être liée au méga projet aéroportuaire. Question de flair poulpien!

Derrière l'image rassurante de la carte postale de village - "la mairie d'un côté, l'hôtel d'un autre, et, face à ce dernier, un coiffeur-dépôt de pain-articles de pêche- relais presse" comme il se doit, se terrent des gens un peu chamboulés par cette histoire, les pro-et anti-aéroport restant chacun sur ses positions. Gabriel Lecouvreur enquête donc sur place, sa première découverte étant que le supposé réseau souteneur local "propose des cartes de fidélité demi-tarif à des clients qui trompent leur moitié, fallait oser"!

Mais les affaires sérieuses commencent: où est passée Roxane, la jeune prostituée? Qui a eu recours à ses services et qui a connaît vraiment?

Il faut tout le talent et la verve plumitive d'Hervé Sard pour rendre cette improbable histoire pleine de sens, de malice et d'humour. A Sainte-Mère-des-Joncs, derrière les persiennes et aux tables du café des Sports, c'est tout un monde de silence qui se cache derrière les brèves de comptoirs et les formules à l'emporte-pièce. Un Poulpe de bonne tenue, en vérité, où l'on s'apercevra in fine que le maquereau de la péripapéticienne n'est pas celui que l'on soupçonne, comme dans tout bon polar....


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Le Blog de Bertrand Gilet