" A Aix-en-Provence, ma cousine possède une maison près du canal qui porte le nom du père de Zola. Diable, mais comment se prénommait-il, déjà?...Gorgon, dit Pierre, un peu chauffé par le bourgogne...comment?...mon neveu a dit "Rougon", madame Gautier, cria l'oncle, il confond avec l'oeuvre de Zola, les Rougon-Macquart. En fait, le père de l'écrivain s'appelait François. Le Gorgon Zola, c'est ce qu'on met sur les Macquart honnis".

C'est ainsi que dans une bonne humeur salvatrice, nous suivons Sébastien, professeur et critique d'art (déjà présent dans "Le mystère de l'ambre jaune") et son neveu Pierre  sur la trace de deux oeuvres de Vlaminck, appartenant à à une veuve séjournant en Vendée. Les deux tableaux lui ont été volés! Au prix d'incessants allers-retours entre Nantes, La Tranche-sur-mer et Quiberon, l'on se paye un belle tranche d'humour noir, des jeux de mots et des calembours, dans une intrigue qui, ma foi, n'a guère d'importance, mais où entrent un curé intégriste folklo et autres singuliers personnages. Le tout est prétexte à des portraits d'humains, à des situations cocasses et à des bijoux comme celui-ci: " Le saint-Père est contre la fécondation in vitro. Bon. Mais il est in vitro lui-aussi dans sa pappamobile...C'est juste, confirma Pierre, d'ailleurs il pourait se trimballer à pinces, ça ferait plus peuple: et puis les habits ça sert d'auto".

On l'aura compris: ce polar, comme tous les polars de Christian Denis, est à déguster comme du bon pain beurré aux crevettes, agrémenté d'un verre de muscadet. Outre ses qualités d'écriture sa verve et son entrain, "Objectif thune" a ce don pas si courant de vous faire voir la vie du bon côté.

Le lecteur pourra lire dans la foulée "On a marché sur la dune", suite se situant en Vendée (voir notre chonique "Le Chemin du polar".