Polars intemporels

Tous les enregistrements
DU RIFIFI CHEZ LES FEMMES Auguste LE BRETON Presses de la Cité, 1957. Réédition chez Plon, collection Noir Rétro, 2010. 234 pages.

Plus que des polars, les romans d'Auguste Le Breton sont de véritables tranches de tronches à la sauce verte (comprenez: argotique), tant les expressions pas piquées des hannetons font florès. Dans "Du rififi chez les femmes" comme dans les autres. Ici, on a intérêt à piger son "le Breton" dans le texte (rassurez-vous, un glossaire vous initie à la langue en fin d'ouvrage) pour suivre à la loupe, et même d'un peu plus près, les aventures de Vicky de Berlin, la belle michetonneuse installée à Bruxelles, entre les bars à putes, les maquereaux et la pègre locale, où chacun veille scrupuleusement, au besoin par flingue interposé, sur son pré carré. Ici, on propose la botte (NB: inviter quelqu'un à se battre) ou on met les adjas (s'en aller, fuir), le principal, quand même, lardus (flic) ou truand, étant d'éviter de se prendre une bastos dans le bureau. Mais dans le mitan (NB: milieu), on sait que l'esquive ne marche pas à tous les coups!

Vicky, donc, au milieu d'une affaire de faux talbins (faux billets de banque), essaye d'orchestrer les rivalités de la place, sous l'oeil du beau Marcel. Dans tous les cas, il faut faire gaffe, que ce soit au rade ou sur le bitume. L'histoire a moins d'importance, finalement, que ce festival de situations tragico-comiques, de mots fleuris, d'expressions enivrantes qui font le bonheur du lecteur, de n'importe quel lecteur. A consommer sans modération.