En cette fin d'après-midi, le lundi de Pentecôte, le temps s'était assombri. La mer se creusait, le vent changeait et passait franchement au noroît, apportant par rafales l'angelus sonné au crochet dfe la Pernelle. Durant la nuit, du lundi au mardi, le coup de vent avait forci et attisait dans l'esprit de Franco Bolli fantastique et mystère. Ces crimes en série n'avaient rien d'ordinaire. Un mystère se cachait quelque part. Il faudrait peut-être un évènement fortuit pour relancer l'enquête, se disait-il pour mieux se rassurer. Quand il descendit prendre son café, Franco Bolli semblait abattu. Rien, ni le sourire de Marie-Françoise, ni sa poitrine généreuse, rien ne parvenait à dissiper le gris qui assombrissait son ciel ni les teintes ardoise qui baignaient le paysage. 

" — Voulez-vous le journal, franco ? demanda la patronne pour briser l'atmosphère glaciale, digne d'une journée de novembre.

— Oui, c'est gentil.

— Tenez, voilà La presse de la Manche. Ilssont plutôt discrets sur les différents assassinats ".

Franco Bolli, le flic un peu flambeur venu de Caen, est venu dans le Cotentin donner un coup de main à son ami Roncet, commissaire débonnaire dont le meilleur ami est un... perroquet. Le jeune adjoint d'un architecte normand, installé à  paris, a été assassiné. Parallèlement, un corps est retrouvé dans le milieu des plongeurs sous-marins de Saint-Vaast-la-Hougue, et de jeunes blousons noirs s'excitent du côté de Tatihou. Franco Bolli comprend vite que l'enquête ne s'annonce pas facile.

Un sacré bon polar de Michel Giard, publié en 2005 par Cheminements. L'auteur, normand, connaît bien sa région et sa vie côtière, marine et sous-marine. Très agréable à lire car truffé de personnages bien campés, on se laisse surpendre en brasse coulée pour apprécier ce polar à la belle âme, incontestablement.