Polars intemporels

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UN TIGRE DANS VOTRE MANCHE Mickey SPILLANE The Death Dealers, 1966, Presses de la Cité, puis Le Livre de Poche (traduction de Renée Tesnière)

" — Vous avez entendu parler de Malcolm Turos?

— L'agent communiste n°1 dans le moyen-Orient?

— Celui-là même. Mais il est monté en grade, depuis un an. Il est à la tête du Plan Gaspar, subdivision du KBD qui ne s'occupe que des grosses affaires. Turos a justement été affecté à l'affaire qui nous occupe. Vous l'ignorez peut-être mais vous avez eu l'occasion de le rencontrer une fois, au Brésil, alors qu'il portait le nom d'Arturo Pensa.

— Bon sang, mais je l'ai descendu, ce salaud.

— Une balle en pleine gorge. Vous avez à jamais compromis sa carrière en tant que chanteur d'opéra.

— Manque de pot.

— Il chantait dans un grand ensemble vocal russe.

— Il peut toujours faire un numéro de siffleur, dis-je. Et moi qui pensais l'avoir tué".

Du côté de Tiger Mann, l'un des héros récurrents de Mickey Spillane (1918-2006), ça ironise, ça épie, ça canarde, ça tue...et sans chichis! Et  les femmes, toujours jolies pépées chez Spillane, ne sont en quelque sorte que des faire-valoir pour machos à la réplique (et à la gâchette facile). Exemple:

" Vey me prit la main pour me conduire au bar.

— Je suis femme, chèr Tiger. Teish a beau être invité d'honneur, je tiens au privilège de faire une entrée tardiive mais sensationnelle...(...). Ça vous ennuie?

— Pas le moins du monde, fillette. J'espère que ça n'ennuiera pas Teish non plus ".

Ses yeux tirés vers les tempes avaient une lueur sensuelle. "Il a de la sympathie pour vous, Tiger. Il aimerait avoir un fils qui vous ressemble. Et peut-être l'aura-t-il. "

Je ne répondis pas. J'eux envie de lui dire que je pourrais très bien lui faire payer les frais de saillie, mais j'y renonçai.

— Un cocktail?

- Whisky et gingembre ".

Sinon, l'intrigue, car il y en a une et elle tient la route, porte sur les relations conflictuelles entre Orientaux et Américains, sur fond d'espionnage, d'intérêts financiers...et de barbouzes évidemment. Il y a également dans ce polar de belles descriptions de la ville de New York, ville frénétique par nature, et en ébullition sous la belle plume de Spillane.

Au final, c'est pour les dialogues "à l'arrache" et pour les portraits d'humains que les aventures de Tiger Mann se lisent, pour notre simple plaisir.