Polars intemporels

Tous les enregistrements
LES MORTS DE LA SAINT-JEAN Henning MANKELL Steget Efter, Ordfront Förlag, 1997. Editions du Seuil, 2001. Points Le Seuil, 2002. Traduit du suédois par Anna Gibson. 565 pages. 8€.

Dans une clairière isolée, en Suède, trois jeunes se livrant à des jeux rôle, la nuit de la Saint-Jean, sont portés disparus. Quelque temps après, le corps de Kalle Svedberg, un des meilleurs collègues de l'inspecteur Wallander, est retrouvé assassiné à son tour. Kurt Wallander va peu à peu faire le lien entre les disparitions, qui vont se révéler être trois meurtres - une balle dans chaque front, et celle de Svedberg. Il existe sûrement un point commun entre ces deux affaires, pense-t-il, sans que pour autant des preuves se fassent jour. L'enquête piétine et 400 pages plus loin, le lecteur ne sait toujours pas où Wallander et ses collègues (Iisa, Ann-Brit, Nybert, Martinsson, Hansson) du commissariat de Ystad mettent les pieds. Le contexte est d'autant plus tendu que ces meurtres, imputés à une seule personne, plongnte la Suède dans la peur. Cet homme va-t-il continuer à tuer, qui, pourquoi, quand, comment?

Wallander, le flic diabétique, qui se pose déjà d'énormes questions sur son boulot et sur le rôle de la police dans une société suédoise de plus en plus individuaiiste et violente, n'aura de repos que lorsqu'il aura résolu ces affaires. Et on se prend d'affection pour l'homme, séparé de sa femme, pas particulièrement heureux, très humain au fond, qui s'évertue à encercler le coupable avec toute la patience, toute la résolution, toute la détermination possibles.

"Les morts de la saint-Jean" est le roman le plus célèbre, le plus abouti, le plus poignant de ce maître du genre qu'est Henning Mankell qui, par petites touches, et en ne lâchant que très peu d'indices au fil des pages, promène le lecteur de ville en ville, d'île en île, de route en route, de l'été à l'automne. Tout cela fait un polar psychologique très prenant dont le lecteur ne ressort pas indemne longtemps après avoir lu la dernière page. Signe qu'il s'agit là d'un très grand roman, écrit par un écrivain hors-pair, connu également pour ses romans non policiers (Les chaussures italiennes, Le retour du professeur de danse).