La langue de Cédric Pêche évoque plus Béru au pays des Tontons Flingueurs que les nouveaux philosophes, est-il écrit sur la quatrième de couv' de Notre-Dame-des-Lames. On s'en rend parfaitement compte à la lecture de ce roman plein de gouaille et de verve, de style imagé donc, avec force expressions du Bro Léon, pays d'origine de l'auteur. Et effectivement, ça flingue à tout va entre Brest, le Trez Hir et la pointe Saint-Matthieu.

Yannick Le Guen, commissaire atypique et pilier de zinc, toujours en quête d'une bonne bière, d'une Coreff par exemple, mène l'enquête entre Elorn et mer sur une série de meurtres particulièrement horribles, à l'arme blanche et tout et tout. Crimes rituels, crimes de cinglé ou volonté d'indépendantistes allumés de la cause Breizh de marquer dans le sang leur territoire chéri et de le rappeler à l'Etat? Pas facile d'y retrouver son brezhoneg dans ce fatras de situations pour le moins bizarroide. Et puis, des témoins, faut en trouver: ici, on se croirait presque en île d'omerta. Sans parler des vacanciers qu'il ne faut pas effrayer.

Yannick Le Guen retrouve à l'occasion son amour de jeunesse, l'appétissante et profonde Tiphenn, qui ne l'a jamais oublié non plus. A deux, p't-être que les choses iront mieux. L'amour, le vrai, il n'y a que ça pour réactiver les méninges, pas vrai?

Bref, Brest et sa rade passées au peigne enfin, comme Le Conquet et la presqu'île de Crozon vont finalement redonner du tonus à l'enquêteur, histoire de le faire sortir de son nid douillet niché aux pieds des rochers de l'Impératrice, à Plougastel, face au Relecq-Kerthuon.

Un polar de haut style, populaire en diable, au rythme entraînant et finalement très salutaire pour l'esprit. Pêche se lâche avec talent et conviction pour nous servir chaud une histoire à histoires brûlantes dans lequel aucun personnage n'est épargné, pas même lui, Le Guen, alcoolo flamboyant en quête d'action.