Un océan de polars

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LA VEUVE DU COLONEL Jean-Luc LOIRET La veuve du colonel, Editions Venturini & Co, février 2018. 378 pages. 16 €.

" Mario Venturini venait de quitter le commissariat, après une journée de mercredi d'une rare intensité. Le nez au vent, il cherchait à capter un peu de liberté dans l'air brassé par un vent léger, alors que la lumière du jour luttait contre les attaques de la nuit de fin d'été cherchant à étendre son pouvoir, avant de passer, d'ici peu, à l'automne. Difficile en plein coeur de ville de profiter pleinement de cet affrontement; tout était fait pour repousser la nature à la périphérie ".

Il est comme ça, le commandant Venturini: philosophe en diable, il cherche toujours des instants de calme dans une journée chargée. Comme dans sa vie privée, qui balance de plus en plus vers Cathy et de moins en moins vers Hélène, il cherche à mettre un peu plus d'ordre. Là, dans sa nouvelle enquête - la septième du personnage imaginé par Jean-Luc Loiret -, il s'agit pour lui et ses collègues d'enquêter sur la disparition d'un jeune homme, fils de bons bourgeois. Fugue inexpliquée? Inexplicable en tout cas. Benjamin Demarthe, passionné de musique et notamment de batterie, n'avait rien d'un marginal ni d'un jeune mal dans sa peau. C'est lorsque son corps est retrouvé dans la Boivre que les choses sérieuses commencent.

Certes, dans La veuve du colonel, le rappel de l'enquête précédente de Venturini, est un peu longuette; et d'autre part, la volonté de son collègue, le lieutenant Chalais, de trouver un coupable à tout prix, ne donne pas une image très exacte de la police contemporaine. Mais peu importe: ce qui est bien, chez Loiret, c'est cette galerie de portraits de bourgeois de province - Chabrol ne les aurait pas reniés pour en faire ses personnages de pellicule attritrés: les parents du disparu, mal assortis; le correspondant de presse amateur de haïkus; le prof de batterie soupçonné d'attirance envers ses élèves, tout cela sonne juste. Et Jean-Luc Loiret, épris de Comte-Sponville (auteur du fameux Dictionnaire philosophique), sait observer, dans toutes ses intrigues, ses contemporains. Le roman est long et pourtant les pages se tournent avec une facilité déconcertante, grâce à un style toujours limpide: preuve aussi que l'intrigue est costaude, relevée, pimentée même.

Humaine, aussi. Très humaine. La comédie humaine de Jean-Luc Loiret se renforce un peu plus à chaque enquête. L'écrivain picto-vendéen fait oeuvre utile, pittoresque, agréable. A lire sans la moindre modération!