" Nez à la vitre, Fabien regardait une fois de plus défiler les stations qui jalonnaient la ligne Nantes-Le Croisic. Epuisé par tant de rebondissements depuis la mort de Laëtitia, il s'endormit la tête pleine de cauchemars. Les visages de Paul, Serge et Michel n'arrêtaient pas de se présenter à lui pour le perdre dans ses doutes. A tour de rôle, chacun de ses  copains prenait l'allure d'un coupable. Paul ne pensait qu'à tuer un à un les agresseurs de sa femme, Serge voulait les torturer avant de les assassiner et Michel, le plus timide d'entre eux, ne pensait qu'à les noyer devant La croix à ma fille. Quant à lui, Fabien, que désirait-il au juste ? Quelle forme de justice voulait-il appliquer ? Agirait-il en homme détruit par l'amour d'une femme, ou le commissaire de police irait-il jusqu'à sacrifier ses meilleurs amis ? Enfin, il sentit son délire s'arrêter brutalement quand le haut-parleur de la SNCF annonça l'arrivée du train.

— Terminus Le Croisic !"

Le commissaire Fabien est en plein désarroi. Lors d'une manifestation de gilets jaunes à Nantes, Laëtitia, son amour de jeunesse, devenue la femme de Paul, son meilleur ami, est sauvagement assassinée. Trop proche de la victime, il n'est pas saisi de l'enquête, mais au nom de son amour pour Laëtitia et de son inoubliable souvenir, au nom de l'amitié avec Paul et leurs amis commun Serge et Michel aussi - tous les cinq formaient une bande des cinq trés unis, il prend le contrôle d'une enquête parallèie avec le consentement de ses supérieurs hiérarchiques. A condition que tout se fasse en douceur.

Mais René Raimbaud, l'auteur diabolique de cet excellent roman Terminus Le Croisic, en a décidé autrement. Metteur en scène de cette touchante histoire d'amitié indéfectible et de loyauté acquise, il rend son Fabien peu à peu assailli par le doute : connaît-on vraiment ses amis dans certaines circonstances troubles ? D'autant plus que les choses se gâtent et que, de personnes sûres et f!ables, ses amis, semblent avoir une conduite surprenante. Fabien va alors découvrir, parmi les méandres de l'âme humaine, un maëlstrom de fêlures profondes, y-compris les siennes. 

Dans ce court roman (100 pages, c'est son "tarif syndical"), René Raimbau raconte les doutes d'un policier qui commet des erreurs, comme submergé par ses sentiments, son spleen, ce qui le rend humain. Et d'ailleurs, Terminus Le Croisic est un film sur la police, mal aimée d'une minorité de gens, appréciée par la majorité. Imagine-t'on un monde sans elle, qui nous sauve tous de l'anarchie, de la vengeance individuelle ou collective, bref du chaos ?